Danse et champignons : étrange combinaison je l’avoue … aller aux champignons est un des aspects magiques de ma nouvelle vie à la campagne, et je n'ai pas pu m'empêcher de noter l'analogie avec la danse. Chacun a ses coins. On sait par où commencer, où aller chercher, mais une fois qu'on y est, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
Parfois, on part le cœur plein d'espoir, pour ne rien trouver. Ou on part sans même un panier tellement on n'y croit pas, et on se retrouve à devoir les mettre dans la capuche tellement y en a. Parfois on cherche une espèce et on en trouve une autre. Ou on en trouve des tonnes et on ne sait pas ce que c'est... Parfois, de loin, c'est le plus gros cèpe de la terre, et puis une fois en main, il tombe en bouillie. Ou alors, c'est une merveille de rareté. La limite entre poison et vision magique peut être fine ...
On peut passer cinquante fois devant, et c'est à la cinquante et unième qu'on trouve. Parfois tout le monde autour de vous le voit sauf vous. Parfois l'intuition nous guide jusqu'à un recoin enchevêtré où il s'en cache... Il n'y a pas de règle : on ne peut jamais tirer de conclusion ni de règle générale.
Ça en fait une promenade différente des autres : où chaque détail compte. On n'est pas là pour avancer mais pour regarder, s'arrêter, se baisser, être attentif. Chaque pas se met à compter car rien ne ressemble plus à un champignon que les feuilles qui sont autour, que la terre, les pierres, les morceaux de bois, que tout son environnement en somme.
Et à être attentif, le corps se prend au jeu: soudain, ce n'est plus le regard, mais tous les sens qui sont aux aguets. Et sans plus avoir à chercher, on trouve des lumières, des textures, des bruits, des températures, des formes. Du souffle. Un état d'esprit. De l'espace. Pour ce qui se présente, plutôt que pour ce qu'on attend.
Et si la danse était une promenade où chaque pas compte, et où on ne sait jamais sur quoi on va tomber, une promenade qui nous apprend à cueillir la lumière, l'espace et la présence ?
Alors, on danse?