J'ai parfois l'impression que l'être humain, c'est une histoire d'histoires.
Il y a les histoires qu'on nous lit quand on est petit, au creux des draps, au creux des bras. Celles qu'on voit au creux d'un fauteuil rouge. Celles qu'on se dit autour d'un repas. Celles qu'on apprend en classe, vissés sur nos chaises en bois. Celles qu'on rapporte de nos voyages. Celles que les vieux draguent des tréfonds du passé. Celles qu'on oublie. Celles qui restent. Celles qui sont sous clé. Celles qui ressortent. Explosent. Histoires d'amour, d'épouvante ou mystérieuses, l'humanité se raconte.
Des histoires chuchotent sans cesse à l'ombre de nos crânes.
S'entrecroisent, s'entremêlent, s'entrechoquent. Elles évoluent avec le temps. Changent de couleur, leurs bords s'écornent, elles se précisent, s'inventent, se recoupent, s'étoffent. se métamorphosent. Certaines connaissent le grand jour, d'autres préfèrent l'ombre.
Mais toujours leurs lignes sont mouvantes.
Il y a ceux qui les écrivent. Ceux qui les ignorent. Ceux qui les écoutent. Ceux qui les dramatisent. Ceux qui les explorent.
Et puis, il y a ceux qui les dansent.
A la surface des océans. Au centre de la terre. Aux confins de l'univers. Comme si chaque parcelle du corps était une touche de piano. Comme Shiva. Comme les animaux de la création. Ceux qui dansent les paradoxes, les archétypes, les relations, les connexions, les rêves. Et ceux qui vont jusqu'à danser la musique dans une fontaine de jouvence.
Et si la danse était le lieu où reconnecter nos corps et nos histoires? Honorer la puissance de nos imaginations fertiles? Incarner la foule de nos personnages intérieurs?
Alors, on danse?