"On s'est déjà croisé non?"
"Rolala j'adore tes bottes, elles sont chan-mées! Si tu savais comme t'es belle. Tu le sais?"
"Vous travaillez sur un chantier?"
"Pourquoi vous le prenez pas dans vos bras votre enfant, vous voyez pas qu'il pleure?"
"Merci pour cette chanson, elle m'a touchée droit au cœur, j'en ai eu les larmes aux yeux, en fait j'ai même chialé..."
"Je m'sens heureuse aujourd'hui, je voudrais pouvoir le crier dans cette rame de métro."
"Si ça s'trouve vous êtes l'homme de ma vie."
"Assise à côté de toi mec, y a une meuf avec qui tu serais trop bien assorti, vas-y tourne la tête, lâche Tinder, parle-lui je t'en prie, dis quelque chose, n'importe quoi, moi en entrant dans la rame, j'ai cru que vous étiez ensemble, j'te jure mec... lâche ton portable."
"Qu'est-ce que je donnerais pas pour être belle comme vous au même âge..."
"C'est trop beau cet amour, j'adore vous voir vous regarder comme ça."
"Toi petite, si j'ai un môme un jour, je veux la même que toi."
"Hey les gens, vous voyez pas qu'on est tous ensemble dans une boîte en fer 36 pieds sous terre? Pourquoi on en profiterait pas pour se rencontrer?"
"Pourquoi t'as l'air en colère que j'te regarde? J'te regarde parce que j'te trouve belle, je suis pas en train de te juger, enfin si en fait, j'te juge, j'te trouve belle, pourquoi j'ai l'impression que tu pourrais te jeter à ma gorge si je continuais? Ta beauté n'est pas un danger public. Ok j'arrête."
"Comment t'as atterri dans la rue? Elle le sait ta famille? Pourquoi tu t'en sors pas?"
"Je suis désolée que tu souffres comme ça. Je me sens minable de rien pouvoir faire. Je sais même pas si je peux. Qu'est-ce que je peux faire?"
"A voir le ballet de vos mains je voudrais être née sourd-muette pour parler avec vous."
"Pourquoi vous courez? Vous allez où? VOUS ALLEZ OÙ VOUS? Et vous?"
Et vous? Ça vous arrive de vous laisser fasciner par l'inconnu au point de vouloir y entrer, l'apprivoiser, le rencontrer, l'explorer comme un nouveau territoire, et au lieu de ça, laisser tourner les phrases dans votre bouche sans jamais réussir à les sortir? Par peur, conformisme, que sais-je, éducation, flemme, pas le temps, peur? Peur? Peur d'être trop, ou pas assez, ou les deux... Avant de vous éloigner, la plupart du temps sans vous retourner, laissant l'invisible frontière gagner, une fois de plus... Y a aussi des jours où j'ai pas envie, du tout, soyons clairs. Mais quand même, approcher quelqu'un, lui parler sans réfléchir, sans trop réfléchir, parce que pour une raison ou une autre, à ce moment là, cet inconnu semble familier....
Et si la danse libre était le lieu de rencontre de l'inconnu avec le familier? De nouvelles personnes, de nouvelles explorations, voir une vieille copine sous un nouveau jour, se laisser toucher par quelqu'un qui pleure, ou qui entre dans la danse de sa puissante et féroce beauté, ou celle de sa haute vulnérabilité, et oser être avec, sans lui demander de se rétrécir, ni se l'imposer, juste être avec.
Et si la danse était un laboratoire pour apprendre à affronter le frisson, le frisson de la relation à l'inconnu? Parce qu'à ce moment là, l'inconnu semble familier. L'inconnu en soi et autour de soi.
Et laisser se dissoudre l'invisible frontière, même un tout petit peu...
Alors, on danse?